Le coût de la santé mentale
Nous connaissons tous l’importance de la santé dans notre bonheur – et comme l’a précisé le poète romain Juvénal il y a 2.000 ans, cela concerne la santé tant physique que mentale. Sa recette pour une vie longue et heureuse ? “Mens sana in corpora sano”, un esprit sain dans un corps sain. L’importance de ces deux aspects de la santé est tout aussi vraie aujourd’hui. À tout moment, environ 20% de la population en âge de travailler au sein de l’OCDE souffrent d’un trouble mental – dont les formes les plus communes sont la dépression, l’anxiété ou les troubles liés à la prise de substances.
Troubles mentaux et mauvaise condition physique sont également associés. Selon, un récent rapport, des comportements à risque tels que la consommation excessive d’alcool, le tabagisme, la consommation de drogues illicites, les régimes déséquilibrés ou les rapports non-protégés pourraient être une réponse au stress et à l’anxiété. Les jeunes sont particulièrement vulnérables: une récente étude australienne publiée par le British Medical Journal Open (BMJ Open) révèle qu’un adolescent sur 10 avec des troubles mentaux consomme également de l’alcool, des cigarettes et du cannabis de manière hebdomadaire/toutes les semaines. L’adolescence peut être une période difficile et 75% des maladies mentales se développement avant l’âge de 24 ans. Ceci révèle l’importance de la prise en charge dès le plus jeune âge des maladies mentales, afin de prévenir la faillite scolaire et les potentielles conséquences sur la vie professionnelle et sociale future.
Au-delà des raisons humaines incitant à la dispense de soins adéquats aux personnes souffrant de troubles mentaux, de fortes motivations économiques justifient de s’intéresser à cette problématique de santé publique. Du fait de leurs coûts tant pour les individus que pour les employeurs et pour l’économie dans son ensemble, les troubles mentaux sont au cœur de nombreuses politiques liées à l’emploi. Selon une estimation de l’Organisation Internationale du Travail, les coûts liés aux troubles mentaux représentent environ 3-4% du PIB de l’Union européenne. Les personnes souffrant de troubles mentaux font souvent face à de plus grandes difficultés pour entrer ou rester sur le marché du travail. Les travailleurs souffrant de troubles sévères ont besoin d’un accompagnement sur le long-terme afin de réintégrer le monde du travail, tandis que ceux souffrant de formes plus communes de troubles mentaux sont à la peine sur leur lieu de travail. Au-delà de la potentielle perte de main d’œuvre, les troubles mentaux peuvent mener à une plus grande récurrence des congés maladie et à une productivité limitée au travail.
Bien que nombreux à souffrir de troubles mentaux au cours de notre vie, et malgré la reconnaissance progressive de l’importance de la santé mentale et du bien-être au travail, nous sommes encore mal à l’aise face à ces questions. En 2009, un sondage en Grande-Bretagne révélait que les personnes interrogées avaient plus de mal à révéler un trouble mental, qu’un problème d’alcool ou de banqueroute. Les troubles mentaux représentent encore un tabou.
L’OCDE a publié un premier rapport sur la santé mentale et le travail en décembre 2011. Poursuivant sur cette lancée, l’OCDE présentera cette année sa première série de revues sur la santé mentale et les défis du travail dans plusieurs pays. Son premier rapport sur la Belgique est sorti le 29 janvier. Les rapports sur le Danemark (25/02), la Norvège (5/03) et la Suède (5/03) suivront prochainement.
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